Autonomie et liberté de création
Le prochain album sortira vraisemblablement en avril ou mai 2018. Il s’agira d’un moment particulièrement intéressant dans mon parcours musical, car comme vous le savez probablement, notre label a désormais la possibilité de contrôler entièrement toutes les étapes de la production musicale, de l’enregistrement au mastering final.
Cette idée m’est venue il y a plus de 20 ans. À cette époque, s’autoproduire était déjà techniquement possible, mais nous n’avions toutefois pas l’aisance de production que nous connaissons aujourd’hui. Le matériel de qualité, bien que toujours coûteux, est devenu très accessible financièrement. Les plugins « pédagogiques », quant à eux, modélisent avec une précision sans cesse plus accrue les chaînes hardware du passé. Mieux encore, des formations et tutoriels de qualité fleurissent sur Internet et permettent aux musiciens de ne plus dépendre uniquement des studios d’enregistrement coûteux et des labels reconnus.
Cependant, loin de moi l’idée saugrenue de m’autoproclamer « ingénieur du son ». Cela ne s’inscrit aucunement dans le but de ma démarche. Ces dernières années, les tribulations de la vie m’ont permis de côtoyer ce que l’on appelle un peu pompeusement « le monde » de l’industrie musicale. Producteurs, managers, organisateurs d’événements, chroniqueurs musicaux, studios, distributeurs, agrégateurs, directeurs artistiques, et j’en passe… des gens compétents, certes, mais pas toujours dotés d’une sensibilité artistique très profonde. Le credo de certains d’entre eux ? Maximiser les profits même si ça doit se faire au détriment de l’art.
Créer son propre label, s’équiper professionnellement et se former aux techniques poussées de la production musicale, voilà un dessein qui m’aura permis d’échapper à cette sordide tentative de déshumanisation de la création musicale. Il est urgent de rappeler que la musique partage tout avec l’homme. Son but premier est social plutôt que commercial. Elle permet le rassemblement de personnes autour d’une « émotion », aussi subjective soit-elle. Le terme est évidemment réducteur, je l’admets, comme il est réducteur de vouloir à tout prix enfermer la musique dans un canevas industriel.
Alors oui, je n’ai pas d’idoles, pas de télé, pas de radio, ne demande jamais d’autographes et ne vis pas à travers la « réussite » d’une icône. Je ne reproche pas à certaines gens d’être célèbres, ni à d’autres de les admirer, mais le renom de quelqu’un ne devrait pas apparaître comme le seul critère valable quand on débat de la qualité artistique d’une création. Comprenez que ce mode de pensée a une influence considérable sur mon travail musical qui ne peut donc s’embarrasser de principes, d’idéologies ou de recettes toutes faites. Autonomie et liberté de création se rencontrent chez moi comme des compagnes idéales de vie, celles qui me permettent d’être en harmonie avec tout ce qui m’entoure.
Premier album « piano solo »
Après 2 albums de chanson française sortis respectivement en 2007 et 2012, ce nouvel opus sera donc consacré au piano. Soyons très clair, la chanson à texte reste mon mode d’expression favori, et je ne compte nullement me la jouer « turn over a new leaf ». La raison est en réalité tout autre. Bach, Prokofiev, Chopin, Debussy et Ravel (liste non exhaustive) sont pour moi des sources d’inspiration intarissables. Et avec ce nouveau studio d’enregistrement à disposition 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, il aurait été idiot de ne pas en profiter.
Ce disque comprendra 15 plages au total. 11 compositions personnelles de jeunesse fortement influencées par la musique classique et des réinterprétations de Scarlatti, Chopin et Joplin. Les sessions d’enregistrement se sont déroulées à la fin septembre et cette expérience d’autonomie totale ne fut pas toujours un long fleuve tranquille. Préparer le set-up des micros, l’ordinateur, la carte-son, les préamplis, jouer du piano, enregistrer, vérifier les niveaux, préparer les éventuels montages, réfléchir à une meilleure interprétation… tout se passe presque simultanément, ce qui requiert une gestion plutôt intense et interconnectée des événements.
Mon pote Alessandro m’a rendu plusieurs fois visite lors de ces sessions d’enregistrement. Je le remercie d’avoir pris sur le vif les photos jalonnant cet article. Celles-ci témoignent du travail qui a été accompli jusqu’à présent. Même si j’ai vécu comme un ermite pendant plusieurs jours, j’ai pu compter sur le soutien inconditionnel de mes parents, amis et connaissances. Je remercie également Xavier Collet et Laurent Mondy pour leurs conseils précis et toujours éclairés. Le résultat final sera sans doute imparfait, ce qui est peut-être louable, car la perfection technique ne devrait jamais se substituer à l’expressivité artistique.